Un serment pour des temps troublés

An oath for troubled times

Jean Sylvain Bailly prêtant serment au Jeu de Paume
Jean Sylvain Bailly, first mayor of Paris, taking the Tennis Court Oath

Issu d’une famille de peintres et amateurs d’art, Jean-Sylvain Bailly fut dès l’enfance attiré par les sciences et notamment l’astronomie, discipline dans laquelle il s’illustra par des travaux sur les satellites de Jupiter ou les éclipses. Science sans prémonition n’est que banalité de l’âme pourrait-on dire à son propos car cette activité le conduisit à installer un observatoire sur les toits du Louvre d’où il avait une vue panoramique sur les lieux où son épique et funeste destin allait s’accomplir quelques années plus tard.

Homme d’intuitions en effet mais aussi de convictions et de paradoxes, il milita dans les années qui précédèrent l’insurrection de juillet 1789 pour la destruction de la Bastille mais aussi pour la préservation du patrimoine architectural parisien, preuve qu’idées politiques et esthétiques ne sont pas toujours aisées à conjuguer.

Député du Tiers Etat il se retrouva, dans le tumulte et l’imprévisibilité radicale des événements, président de l’Assemblée nationale et premier maire de Paris. L’exemple du dernier prévôt des marchands à qui il succédait le conduisit à une certaine prudence car l’aimable Jacques de Flesselles venait d’être tué d’un coup de pistolet tiré par un assassin qui ne fut jamais identifié avant que sa tête ne finisse trimbalée au bout d’une pique par une foule en furie.

Bailly tenta par la suite de manœuvrer face aux emportements de Desmoulins et Marat, dirigeants de la première commune de Paris. Sentant que l’affaire était plus que mal engagée il préféra se réfugier en province mais la vindicte montagnarde le poursuivit et le conduisit sur l’échafaud en novembre 1793 après qu’il ait bravement refusé de témoigner à charge contre Marie-Antoinette.

Notre singulière et rarissime petite statuette de pierre le représente au temps fort de son existence : quand il fut le premier, dans la salle du Jeu de paume à Versailles, à jurer que les représentants du Tiers-État, rejoints par quelques prélats et aristocrates, ne partiraient pas avant d’avoir obtenu une constitution.

C’est ce leadership naturel et ce courage qui lui permirent d’ailleurs de s’auto-proclamer président de l’Assemblée nationale.

On dit souvent qu’il ne faut jurer de rien. Bailly, pour sa sécurité, aurait dû méditer cette prudente mise en garde. Mais il n’aurait pas eu cette astrale destinée, accomplissement pour ce scientifique et cet amoureux des cieux infinis dont le spectacle est bien le seul patrimoine commun à tous les hommes qui ont vécu et vivront sur notre planète.

Born into a family of painters and art lovers, Jean-Sylvain Bailly was attracted to the sciences from childhood, and in particular to astronomy, a discipline in which he distinguished himself through his studies of the satellites of Jupiter and eclipses. Science without premonition is nothing but banality of the soul, one could say about him, because this activity led him to install an observatory on the roofs of the Louvre from where he had a panoramic view on the places where his epic and fatal destiny was going to be accomplished a few years later.

A man of intuitions indeed, but also of convictions and paradoxes, he militated in the years preceding the insurrection of July 1789 for the destruction of the Bastille but also for the preservation of the Parisian architectural heritage, proof that political ideas and aesthetics are not always easy to conjugate.

As a deputy of the Third Estate, he found himself, in the tumult and radical unpredictability of events, president of the National Assembly and first mayor of Paris. The example of the last provost of the merchants of Paris, whom he succeeded, led him to a certain prudence - the amiable Jacques de Flesselles had just been shot by an unidentified assassin before his head was paraded at the end of a pike by a furious crowd.

Bailly later tried to maneuver in the face of the outbursts of Desmoulins and Marat, leaders of the first Paris Commune. Feeling that the situation was beyond dire, he preferred to flee to the provinces, but the Montagnard vindictiveness pursued him and led him to the scaffold in November 1793 after he bravely refused to testify against queen Marie-Antoinette.

Our singular and extremely rare stone statuette represents him at the peak of his life: when he was the first, in the Jeu de Paume hall in Versailles, to swear that the representatives of the Third Estate, joined by a few prelates and aristocrats, would not leave until they had obtained a constitution.

It was this natural leadership and courage that enabled him to self-proclaim himself president of the National Assembly.

It is often said that one cannot be absolutely certain of anything. Bailly, for his own safety, should have meditated on this prudent warning. But he would not have had this astral destiny, an achievement for this scientist and lover of the infinite skies whose spectacle is the only true common heritage of humanity.

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