Etymologiquement « lumière de Dieu, ou lumière céleste » le très puissant archange Michel est le chef de l’armée des anges qui œuvrent à faire triompher la volonté divine contre tout ce qui peut s’y opposer, le généralissime des forces du bien en quelque sorte. Autant dire qu’il vaut mieux ne pas trop le contrarier.
Et il a du pain sur la planche ce puissant archange car les super-vilains de manquent pas ici-bas ou dans tous les autres mondes dont nous, pauvres mortels, soupçonnons l’existence.
Tous les peuples croyants ou presque, en Occident, ont voulu se placer sous sa terrible protection pour contrer les forces du mal. Michel est ainsi le protecteur du peuple hébreu mais aussi saint patron de la Normandie, de la France (ordre de Saint-Michel, avec également la Vierge dans son Assomption à partir de 1638 selon le vœu de Louis XIII), de l'Allemagne (avec saint Boniface de Mayence), de la Belgique, de Bruxelles(il figure sur son blason) et il a continué à faire carrière puisque depuis avril 2017 il est également saint protecteur de la Cité du Vatican (avec Saint Joseph encore) selon la consécration du pape François et surtout le vœu du pape émérite Benoît XVI.
Prince des Archanges, Archange du Premier Rayon, Défenseur de la foi, Prince de tous les anges du Bien, chef des forces du ciel, de la milice céleste et champion du Bien, il lui fallait toute cette force pour combattre le démon.
Saint Michel apparaît de manière irrégulière dans l’Ancien testament et c’est surtout l’Apocalypse de Jean, dernier livre du nouveau testament, qui fixe précisément son rôle dans la lutte contre le mal. Ce dernier doit être incarné pour être mieux combattu et intelligible pour la masse des croyants. Il va donc prendre la forme d’un démon, le plus souvent celle d’un dragon.
Cette créature rampante et menaçante est devenue tout à fait terrible quand elle a reçue des ailes en attribut, synthétisant les pouvoirs dangereux d’Horus et d’Apophis dans la religion égyptienne antique. Cette diabolisation au sens strict est du reste assez curieuse car, plus loin en Orient et notamment en Chine, le dragon n’est pas moins puissant mais il est vénéré, symbole de vie et protecteur des familles.
Quelle est l’explication de cette quasi universalité et de cette diversité tout à la fois ? Les débats continuent entre spécialistes mais l’explication par la découverte d’ossements de dinosaures qu’il fallait bien attribuer à une créature vivante quoiqu’inconnue reste à ce jour la plus convaincante puisque ces restes étaient dispersés dans toute l’Eurasie.
Leur taille démesurée au regard des animaux répertoriés et leur crâne ressemblant vaguement à un reptile et un oiseau ont ouvert la voie à cette mythologie vibrante et terrifiante.
Quant au mal, au démon, à Lucifer, qui connaît lui aussi de nombreux avatars, parfois bestiaux parfois intellectualisés, il n’eut pas trop de difficulté à se glisser sous les traits et l’allure de cette créature terrifiante.
Cependant, il arrive que ce principe maléfique soit figuré par un monstre d’allure plus proche d’un homme dont les traits et le corps sont contrefaits par l’incarnation des terribles projets qu’il ourdit contre notre pauvre espèce. Nous ressemblant davantage, il est sans doute plus angoissant encore.
Le démon, le dragon, la bête ne seraient-ils pas au fond, la figuration de l’Autre lointain, du mal venu d’Orient pour les Occidentaux et d’Occident pour les Orientaux ?
En Europe, la forme de ce principe démoniaque fut en quelque sorte codifiée par le divin Raphaël, non pas ange ou archange, mais peintre et dessinateur dont la gloire nous est parvenue intacte après sa relativement brève existence dans l’Italie de la Renaissance.
Le Saint Michel terrassant le dragon, petit tableau sublime que le Louvre peut s’enorgueillir de posséder dans ses collections, a fixé les principaux caractères du puissant archange qui foule l’animal au pied et s’apprête à lui porter le coup terrible qui mettra fin à ses entreprises malfaisantes.
C’est inspiré par cette iconographie profondément ancrée dans l’imaginaire collectif que notre artiste a inscrit avec habileté dans le bois, au dix-neuvième siècle, ce symbole rassurant du triomphe du bien contre le mal.
Les armoiries qui figurent sur son blason nous sont par contre inconnues. Peut-être un lecteur pourra-t-il nous aider ?
Etymologically "light of God, or celestial light", the very powerful archangel Michael is the leader of the army of angels who work to ensure the triumph of the divine will against all that may oppose it, the generalissimo of the forces of good, so to speak. It's best not to upset him too much.
And he has his work cut out for him, this powerful archangel, because there is no shortage of super-villains here below or in all the other worlds of which we, poor mortals, suspect the existence.
All the believing peoples, or almost all of them, in the West, have wanted to place themselves under his formidable protection to counter the forces of evil. Michael is thus the protector of the Hebrew people but also patron saint of Normandy, of France (order of Saint Michael, with also the Virgin in her Assumption from 1638 according to the wish of king Louis XIII), of Germany (with Saint Boniface of Mainz), of Belgium, of Brussels (he appears on its coat of arms) and he continued to make a career as from April 2017 he is also patron saint of the Vatican City (with St. Joseph again) according to the consecration of Pope Francis and especially the wish of Pope Emeritus Benedict XVI.
Prince of Archangels, Archangel of the First Ray, Defender of the Faith, Prince of all the angels of Good, leader of the forces of heaven, of the heavenly militia and champion of Good, he needed all this strength to fight the devil.
Saint Michael appears irregularly in the Old Testament and it is especially the Apocalypse of John, the last book of the New Testament, which precisely fixes his role in the fight against evil. The latter must be incarnated in order to be better fought and understood by the mass of believers. He will therefore take the form of a demon, most often a dragon.
This crawling and threatening creature became quite terrible when it received wings as an attribute, synthesizing the dangerous powers of Horus and Apophis in the ancient Egyptian religion. This demonization in the strict sense of the word is quite curious because, further in the East and particularly in China, the dragon is no less powerful but it is venerated, a symbol of life and protector of families.
What is the explanation for this quasi universality and diversity at the same time? Debates continue among specialists, but the explanation by the discovery of dinosaur bones that had to be attributed to a living creature, albeit unknown, remains to this day the most convincing since these remains were scattered throughout Eurasia.
Their disproportionate size compared to the animals listed and their skull vaguely resembling a reptile and a bird have opened the way to this vibrant and terrifying mythology.
As for the evil, the demon, Lucifer, who also knows many avatars, sometimes bestial, sometimes intellectualized, he did not have too much difficulty in slipping under the features and appearance of this terrifying creature.
However, it happens that this evil principle is represented by a monster closer to a man whose features and body are counterfeited by the incarnation of the terrible projects he is planning against our poor humanity. Looking more like us, he is undoubtedly even more frightening.
Wouldn't the demon, the dragon, the beast be, at heart, the representation of the distant Other, of the evil coming from the East for the Westerners and from the West for the Easterners?
In Europe, the form of this demonic principle was in a way codified by the divine Raphael, not an angel or archangel, but a painter and artist whose glory has remained intact after his relatively brief existence in Renaissance Italy.
Saint Michael slaying the dragon, a small but sublime painting that the Louvre can be proud to possess in its collections, has established the main characteristics of the powerful archangel who is trampling the animal underfoot and preparing to deliver the terrible blow that will put an end to its evil undertakings.
It is inspired by this iconography deeply rooted in the collective imagination that our artist has skillfully inscribed in wood, in the nineteenth century, this reassuring symbol of the triumph of good against evil.
The coat of arms that appears on his shield, however, is unknown to us. Perhaps a reader can help us?